Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/40

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amphitryon. — Les premières flèches qu’il lança furent teintes du sang d’un dragon.

lycus. — Ignorez-vous les maux cruels qui assiégèrent le berceau d’Hercule ?

amphitryon. — Le jeune Bacchus fut tiré du sein de sa mère par un coup de foudre, et bientôt il prit place à côté du dieu qui lance le tonnerre. Que dis-je ? le roi des cieux lui-même, qui ébranle les nuages, ne fut-il pas caché pendant son enfance dans un antre du mont Ida ? Une si haute naissance ne va jamais sans de grandes infortunes, et l’honneur d’une céleste origine veut être chèrement payé.

lycus. — Quiconque est malheureux, atteste qu’il est un homme.

amphitryon. — Quiconque est un héros, atteste qu’il n’est point malheureux.

lycus. — Appellerons-nous héros celui qui enleva de ses épaules sa massue et sa peau de lion pour les déposer au pied d’une jeune fille, celui qui revêtit une robe de pourpre ? Appellerons-nous héros celui qui parfuma sa rude chevelure, qui tira de ses mains guerrières les sons Voluptueux du tambour phrygien, et qui ceignit son front superbe d’une mitre étrangère ?

amphitryon. — Le jeune Bacchus ne rougit point de laisser flotter sa chevelure, d’agiter d’une main délicate les thyrses lé-