Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/421

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feuillage ses chants plaintifs sur la mort de son cher Itys; ni l'oiseau de Thrace qui, sur le bord des toits, redit en gémissant la perfidie de son cruel époux, ne pourraient dignement déplorer les malheurs de votre maison. Le cygne l'essaierait en vain, lorsque, entouré de ses blancs compagnons, il fait entendre son hymne funèbre sur les rives de l'Ister ou du Tanaïs.

Ce serait peu de la malheureuse Alcyone qui mêle ses plaintes sur la mort de Céyx au triste murmure des flots, quand, pour s'être trop confiée au calme des mers, il lui faut réchauffer sa couvée dans son nid tremblant. Ce serait peu encore des prêtres de Cybèle, se déchirant les bras avec vous dans vos douleurs, comme ils font quand ils se livrent à leurs danses furieuses, animés par les sons de la flûte de Phrygie, et qu'ils pleurent la mort d'Attis. Nos larmes ne peuvent s'arrêter, Cassandre, parce que nos souffrances ont dépassé toute mesure. Mais pourquoi arracher de votre front les bandelettes sacrées? C'est surtout dans l'infortune qu'on doit honorer les dieux.

Cassandre - L'excès de mes malheurs m'élève au-dessus de toute crainte. Je ne fléchis les dieux par aucune prière, et quand