Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/423

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Quel transport nouveau m'agite? Où m’entraînez-vous dans mon, délire, sommets sacrés du Parnasse? Laisse-moi, dieu des oracles : je ne t'appartiens plus. Éteins ce feu qui m'embrase. Que signifie cette fureur,. cet enthousiasme qui m'égare? Troie est tombée : que fais-je encore, prophétesse qu'on ne veut pas croire? Où suis-je? La lumière s'enfuit; mes yeux sont plongés dans une nuit profonde, et les ténèbres me dérobent la vue du ciel. Que dis-je? le jour est éclairé par un double soleil, et deux villes d'Argos se dressent devant moi. Voici la forêt de l'Ida. Le juge fatal est assis entre les trois puissantes déesses, Rois, je vous en avertis, craignez le fruit de l'inceste. Cet enfant nourri dans les bois détruira vos palais. Quelle est cette femme égarée qui brandit un glaive? Quel guerrier veut-elle frapper? Elle a l'extérieur d'une Lacédémonienne et porte l'arme des Amazones. Quel autre spectacle s'offre à mes regards? le lion d'Afrique, le superbe vainqueur des bêtes féroces, tombe sous la dent d'un ennemi vulgaire. Une lionne hardie le déchire de ses morsures sanglantes.

Ombres de mes parents, pourquoi m'appelez-vous, moi restée la dernière de toute ma famille? Je te suis, ô mon père ! à qui Troie entière a servi de tombeau. O mon frère, l'appui des Phrygiens