Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/53

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tyrans impitoyables déchirés de verges par des mains plébéiennes. Mais le roi qui a uni la douceur à la puissance ; qui, maître de la vie des hommes, a gardé ses mains pures ; qui, au lieu de rougir de sang son sceptre pacifique, a respecté les jours de ses sujets, après avoir fourni une longue et heureuse carrière, monte au ciel ; ou, reçu dans les riants bocages de l’Élysée, il devient juge aux enfers. Épargnez le sang des hommes, rois de la terre ; car vous aurez à rendre un compte plus rigoureux.

amphitryon. — Il est donc vrai qu’il y a dans le Ténare un lieu réservé aux coupables, et que, comme on l’assure, les impies, chargés de chaînes, y souffrent des tourments éternels ?

thésée. — Là l’infortuné Ixion tourne rapidement sur sa roue. Un énorme rocher menace la tète de Sisyphe. Altéré au milieu d’un fleuve, le vieux Tantale poursuit l’onde fugitive. Elle baigne son menton, et lorsque, tant de fois trompé dans son espoir, il croit la tenir, elle échappe à ses lèvres, comme les fruits se jouent de sa faim. Un vautour ronge éternellement le foie de Tityus. Les Danaïdes se fatiguent vainement à remplir leurs urnes. Les filles dénaturées de Cadmus s’agitent dans un transport de fureur, et les avides Harpies menacent la table de Phinée.

amphitryon. — Maintenant racontez-moi la glorieuse lutte de