Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/55

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chien des enfers épouvante les Mânes, et veille à la garde du sombre empire en l’ébranlant de sa triple gueule avec un bruit terrible. Les couleuvres, dressées sur son cou, lèchent l’écume qui souille ses lèvres, et sa queue recourbée est un énorme dragon qui fait retentir d’horribles sifflements. La foreur de ce monstre répond à sa figure. A peine a-t-il ouï les pas d’un tomme, que sa crinière de serpents se hérisse, et qu’il cherche à distinguer le son qui frappe son oreille habituée à entendre marcher les ombres. Dès que le fils de Jupiter s’est approché, le monstre reste indécis dans son antre. Les deux ennemis se redoutent l’un l’autre. Tout à coup Cerbère épouvante d’un aboiement affreux les muettes profondeurs de l’enfer. Les serpents furieux qui couvrent ses épaules sifflent tous à la fois. L’épouvantable bruit de ses trois gueules porte l’effroi jusque chez les ombres heureuses. Hercule ramène autour de son bras gauche une dépouille terrible à la gueule menaçante, la peau du lion de Némée, et s’en fait un large bouclier. L’autre main victorieuse est armée de sa grande massue. Il la tourne rapidement de tous côtés, frappe et redouble ses coups. Cerbère vaincu apaise ses menaces. Épuisé de lassitude, il incline ses trois têtes, et abandonne son antre.

À cette vue, Pluton et Proserpine se troublent sur leur trône,