Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/56

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et laissent emmener Cerbère. Ils accordent de plus ma liberté à la demande de votre fils. Hercule, caressant de la main les effroyables tètes du monstre, les assujettit avec une chaîne de diamant. Oubliant sa violence, le gardien vigilant du sombre empire baisse timidement les oreilles, se laisse emmener, reconnaît son maître, et le suit d’un air docile en battant ses flancs de sa queue de dragon. Mais, après être arrivé à l’ouverture du Ténare, frappé pour la première fois du vif éclat de la lumière, il reprend courage, et secoue avec fureur ses lourdes chaînes. Il allait faire lâcher pied à son vainqueur et le ramener en arrière. Alcide réclame alors le secours de mon bras. Je joins mes efforts aux siens pour dompter la résistance du monstre dont la rage se débattait en vain, et nous parvenons à le traîner sur la terre. A peine a-t-il vu la vive lumière que le soleil nous envoie de la voûte céleste, il demeure ébloui, baisse les yeux, repousse le jour qu’il déteste, détourne sa triple tête, la ramène vers la terre, et finit par la cacher sous l’ombre d’Hercule.

Mais j’entends les pas d’une multitude joyeuse et bruyante, qui, le front ceint de lauriers, célèbre les hauts faits du grand Alcide.