Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/58

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fants qui commencent à peine à bégayer le nom de leur mère. Seuls, pour diminuer leur effroi, ils ont le droit de porter devant eux des flambeaux qui dissipent les ténèbres. Les autres cheminent dans la nuit, aussi affligés que nous le sommes, quand, loin du jour, nous sentons avec douleur la terre peser de tout son poids sur nos têtes. Là régnent l’épais chaos, une affreuse obscurité, une nuit sinistre, un silence effrayant et de tristes brouillards.

Puisse une longue vieillesse ne nous conduire que bien tard dans cette demeure, où l’on arrive toujours trop tôt, et d’où l’on ne revient jamais î Que sert de prévenir l’heure fatale ? Toute cette multitude qui s’agite sur la vaste étendue de la terre, doit un jour descendre chez les Mânes et passer l’eau dormante du Cocyte. O Mort ! de l’aurore au couchant, c’est pour toi que croit le genre humain. Épargne les générations futures. Quand tu serais lente à venir, qu’importe ? Nous courons nous-mêmes au-devant de toi. L’instant où nous recevons la vie, nous l’enlève.

Thèbes célèbre un jour de fête. Tombez à genoux au pied des autels, et immolez de grasses victimes. Hommes et femmes, livrez-vous à des danses solennelles. Que les habitants de nos riches