Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/7

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du public, et aussi par la concurrence d’un genre de spectacle vraiment national et populaire, les Atellanes, qui, né longtemps avant la tragédie classique et grecque importée par Névius, lui survécut pendant plusieurs siècles et n a même pas péri avec l’empire. La plupart des personnages scéniques, Marforio, Il Bucco, Il Macco et autres, qui aujourd’hui encore, à Rome et à Naples, défrayent la gaieté populaire, sont des débris des Atellanes. A partir d’Auguste donc, il n’y eut plus, à proprement parler, de tragédie latine, du moins de tragédie représentée sur la scène. Peu de temps avant Sénèque, fleurit un auteur de tragédies, le meilleur de l’époque, au jugement de Quintilien, c’est Pomponius Secundus. Mais il ne nous est rien resté de ses ouvrages, non plus que de ceux de Julius Maternus, l’un des interlocuteurs du Dialogue sur la corruption de l’éloquence ; Maternus avait composé quatre tragédies : Médée, Thyeste, Caton et Domitius. Ces deux dernières étaient des tragédies prétextes, et tournaient au pamphlet politique : aussi, sous Domitien, Maternus paya-t-il de sa tête la périlleuse hardiesse de ses allusions. Nous touchons au théâtre de Sénèque.

Le théâtre de Sénèque ! Mais Sénèque est-il bien l’auteur des tragédies mises sous son nom ? Les faut-il attribuer à un ou à plusieurs Sénèque, autres que le philosophe ? Est-ce, comme on l’a dit, un ouvrage de famille, Senecanum opus ? Nous ne discuterons point toutes ces suppositions et bien d’autres que l’on a faites ou que l’on pourrait faire. Nous dirons simplement que, pour nous