Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/73

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amphitryon. — Ce que lu connais do les infortunes n’en est qu’une bien faible partie.

hercule. — Prenez pitié de moi, mon père : j’étends vers vous mes mains suppliantes. Mais quoi ? il les repousse. Ah ! le crime plane sur ma tête. D’où vient ce sang ? Quelle est cette flèche, teinte du sang de cet enfant ? Elle fut teinte autrefois de celui de l’hydre de Lerne. Je reconnais mes flèches : je ne cherche plus la main qui les a lancées. Quel autre aurait pu tendre mon arc, et en ramener la corde qui cède à peine à l’effort de mon bras ? Je m’adresse à vous encore une fois, mon père. Est-ce moi qui ai commis ce crime ?… Ils gardent le silence : c’est moi.

amphitryon. — A toi le malheur, à ta marâtre le crime. C’est un coup affreux dont tu n’es point coupable.

hercule. — O Jupiter ! dans ton courroux, tonne de tous les points du ciel. Tu m’as oublié, moi ton fils. Que tout s’arme du moins pour venger mes enfants. Que la voûte étoilée s’ébranle, et que la foudre parte à la fois des deux pôles. Que mon corps enchaîné sur les roches caspiennes soit la proie d’un vautour avide. Pourquoi laisser vacante la place de Prométhée ? Qu’on dispose pour mon supplice le vaste sommet du Caucase, ce mont escarpé aux flancs nus, ce repaire de bêtes et d’oiseaux sauvages. Que mes bras, attachés aux Symplégades qui resserrent les flots de la mer de Scythie s’étendent sur l’abîme ; et, quand ces deux