Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/72

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de la Libye, je suis prêt à combattre. Me voici nu, sans armes, quand tu devrais m’attaquer avec les miennes.

Mais pourquoi Thésée et mon père fuient-ils mes regards ? Pourquoi se cachent-ils le visage ? Retenez vos pleurs. Quel est l’assassin de toute ma famille ? nommez-le-moi. Vous gardez le silence, ô mon père ? Parle donc, toi, Thésée ; parle, au nom de l’amitié. Tous deux restent muets, se voilent le visage de honte, et me dérobent leurs larmes. Qu’y a-t-il donc dans ce malheur dont il faille rougir ? Est-ce que l’implacable tyran d’Argos, ou la faction de Lycus vengeant la mort de son chef, nous auraient accablés d’un si grand désastre ? O mon père ! je vous en conjure, par mes nobles exploits, par votre nom que je révère comme celui des dieux, parlez. Quel est le destructeur de ma famille ? Quel est le vainqueur qui m’a dépouillé ?

amphitryon. — Ne cherche point la cause de tes malheurs.

hercule. — Moi rester sans vengeance ? amphitryon. — La vengeance est souvent funeste.

hercule. — Un homme serait-il assez lâche pour supporter de si grands maux ?

amphitryon. — Oui, dans la crainte de plus grands.

hercule. — Mais est-il possible, mon père, de craindre de plus grands et de plus affreux malheurs que les miens ?