Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/76

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des monstres. S’il est dans l’univers un roi barbare qui égorge les hommes ou verse leur sang sur ses autels, il me faut le redouter. Toujours privé de mon fils, laisse-moi jouir de ta présence, laisse-moi te voir et te presser dans mes bras.

hercule. — Aucun lien ne m’attache plus à la terre. Esprit, armes, gloire, femme, enfants, courage, j’ai tout perdu, jusqu’à ma fureur. Rien ne peut effacer ma tache. Il n’y a de remède au crime que la mort.

amphitryon. — Tu veux donc me tuer ?

hercule. — Non, mais je veux mourir.

amphitryon. — Quoi ! sous mes yeux ?

hercule. — Je les ai rendus témoins d’un crime.

amphitryon. — Tes exploits, connus de l’univers, ne t’absolvent-ils pas du seul crime que tes mains aient commis ?

hercule. — Peut-on s’absoudre de ce qu’on a toujours puni dans les autres ? Le bien que j’ai fait m’était commandé ; cet acte seul m’appartient. Venez à mon aide, ô mon père, au nom de votre tendresse paternelle, au nom de mon triste sort, au nom de cette gloire dont j’ai terni l’éclat. Mes armes ! que mon bras triomphe de ma destinée.

thésée. — Quoique les prières d’un père aient assez de puissance, sois aussi touché de mes pleurs. Lève-toi, et terrasse la