Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fortune avec ton énergie ordinaire. Reprends ce courage qui jamais ne plia devant elle. C’est le moment de montrer toute la force de ton âme : renonce à ta colère.

hercule. — Vivant, je suis criminel ; mort, je ne suis que malheureux. Hâtons-nous de purger la terre. Depuis trop longtemps un monstre impie, cruel, féroce, implacable, attend mes coups. Allons, mon bras, il faut exécuter le plus grand des exploits, celui qui doit effacer tes douze travaux… 0 lâche î tu hésites ? tu n’as donc de courage que pour tuer des enfants et de faibles femmes ? Si l’on ne me rend point mes armes, j’arracherai la forêt du Pinde ; je me brûlerai moi-même avec les bois sacrés de Bacchus et tous les arbres du Cithéron ; je renverserai toute la ville.de Thèbes avec ses habitants, ses temples avec ses dieux ; je périrai sous leur chute, je m’ensevelirai sous leurs débris ; et si ses remparts croulants sont un poids trop léger pour mes fortes épaules, si nos sept portes ne suffisent pas pour m’écraser de leurs mines, je ferai tomber sur ma tête le poids énorme de toute cette partie du monde qui sépare le ciel des enfers.

amphitryon. — Rendez-lui ses armes.

hercule. — A cette parole je reconnais mon père. Voici la flèche qui a percé mon enfant.