Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/78

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amphitryon. — Oui, Junon l’a lancée par tes mains.

hercule. — Je vais m’en servir à mon tour.

amphitryon. — Ah ! malheureux ! mon cœur se trouble, et s’agite avec violence dans mon sein.

hercule. — La flèche est disposée.

amphitryon. — Quoi ! c’est volontairement que tu vas commettre ce crime ! Dis-moi donc ce que tu veux. Je ne te demande rien. Mes maux sont à leur comble. Seul tu peux me conserver mon fils, mais non me l’enlever. Le moment terrible est passé pour moi. Tu ne peux me rendre malheureux ; mon bonheur seul est entre tes mains. Choisis ; mais songe, en choisissant, aux obligations étroites et sévères que t’imposent ta vie et ta gloire. Tu dois vivre ou me tuer. Mon âme défaillante, non moins accablée par le malheur qu’affaiblie par l’âge, est déjà sur mes lèvres… Un fils peut-il hésiter à donner la vie à son père ? Je n’attendrai pas plus longtemps. Cette épée va me percer le sein ; oui, je vais tomber ici sous le bras d’Alcide rendu à la raison.

hercule. — Pardon ! mon père, pardon 1 arrêtez votre bras. Humilie-toi, ô mon courage, et cède à la puissance paternelle. Ajoutez ce nouvel effort à la liste de mes premiers travaux : je