Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/85

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rois. Que le malheur succède à la puissance, la puissance au malheur, et que leur royaume soit en proie à de continuelles révolutions. Que chassés de leur pays pour leurs crimes, ils n’y reviennent, à l’aide des dieux, que pour rentrer dans le crime, et qu’ils soient aussi odieux à tout le monde qu’à eux-mêmes. Que leur fureur se croie tout permis. Que le frère tremble devant le frère, le père devant le fils, le fils devant le père. Que la mort -des enfants soit affreuse, mais surtout leur naissance. Que la femme attente aux jours de son mari. Qu’ils portent la guerre au delà des mers. Que leur sang arrose tous les pays, et que la passion triomphante les porte à insulter les plus illustres chefs. Que l’adultère ne soit que la moindre tache de cette famille barbare. Périssent la confiance, l’amour, tous les droits de la fraternité !

Que le ciel même soit troublé par vos crimes. Pourquoi ces étoiles qui brillent à sa voûte, et ces flambeaux dont la lumière doit éclairer le monde ? Qu’une nuit affreuse les remplace, et que le jour s’éteigne* Bouleverse, ton palais, évoque la haine, le meurtre, les funérailles ; que le génie de Tantale remplisse toute sa maison. Qu’elle soit parée comme pour un jour de fête ; que le seuil soit orné de lauriers verts ; qu’on y allume un feu splendide pour célébrer dignement ton arrivée. Qu’on y renouvelle, mais avec plus de victimes, l’attentat de la Thrace. Pourquoi la main de