Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/86

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cet oncle est-elle oisive ? Pourquoi Thyeste ne pleure-t-il pas déjà ses enfants ? Quand va-t-on les retirer de la chaudière écumante ? Que leurs membres soient mis en pièces ; que le foyer paternel soit souillé de leur sang. Qu’on dresse la table : tu iras prendre part à ce festin du crime ; il n’est pas nouveau pour toi. te donne un jour tout entier : pour ce repas, je permets à ta faim de se satisfaire. Sous tes yeux, on boira le sang mêlé avec le vin… J’ai imaginé un repas à te faire fuir toi-même. Arrête : où cours-tu ainsi ?

tantale. — A mes étangs, à mes fleuves, à mes eaux perfides, à ces fruits qui se jouent de mes lèvres. Laisse-moi rentrer dans ma hideuse prison ; ou, si tu ne me trouves pas assez malheureux, laisse-moi changer de fleuve. Plonge-moi dans les eaux du Phlégéthon, entoure-moi de ses vagues de feu. Vous tous que la loi du Destin soumet aux tourments ; vous qui, cachés sous une voûte rongée par le temps, craignez la chute d’une montagne prête à vous écraser ; vous qu’épouvantent la gueule affamée des lions et les affreuses Furies qui vous assiègent ; vous qui, à demi consumés ; cherchez à repousser leurs torches brûlantes, écoutez la voix de Tantale qui se hâte de vous rejoindre. Croyez-en mon