Page:Sénèque - Tragédies de Sénèque, trad Greslou, ed 1863.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le garde. — La recommandation est inutile. La terreur et la fidélité, mais la fidélité surtout, enseveliront vos secrets au fond de mon cœur.

SCÈNE II. — LE CHŒUR.

Les illustres descendants du vieil Inachus ont mis enfin un terme à leurs haines fraternelles. Quelle rage vous porte à répandre le sang l’un de l’autre, et à vous disputer le trône par des crimes ? Hommes jaloux de la puissance, vous ne savez pas où réside la véritable royauté. Ce ne sont point les richesses qui font les rois, ni l’éclat de la pourpre, ni le bandeau royal, ni des lambris étincelants d’or. Celui-là seul est vraiment roi, qui sait se mettre au-dessus de la crainte et calmer l’orage de ses passions ; qui ne se laisse point aller à la fougue d’une ambition déréglée, ni à la faveur passagère d’une multitude aveugle ; qui ne convoite ni les trésors de l’Occident, ni ceux que roulent les eaux dorées du Tage, ni les riches moissons que la brûlante Libye recueille dans ses plaines. La foudre tomberait près de lui sans l’ébranler. D verrait, sans pâlir, la mer soulevée par l’Eurus et les vagues furieuses de l’Adriatique où se déchaînent tous les vents. Il brave