Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/107

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qu’il fût à mille lieues d’ici. Il employa tout ce qu’il avait de ressources dans l’esprit pour convaincre mon mari de mon innocence ; il m’exhorta à opposer le courage à la rigueur de ma destinée, et me fit le récit de plusieurs aventures extraordinaires de personnes injustement accusées, condamnées même à la mort, et ensuite reconnues innocentes ; ses soins généreux et ses conseils portèrent quelque calme dans mon esprit ; il ne parvint pas à affaiblir le sentiment de mon malheur ; mais il m’inspira la force de m’y résigner. Mon mari ne me vit plus ; mon père même m’abandonna, et tous deux se réunirent pour obtenir un ordre du Roi qui me relégua dans le couvent de *****, m’interdisait toute communication avec d’autres personnes que mon père et mon mari, et chargeait la supérieure