Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/108

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de veiller sur ma conduite. L’abattement avait produit en moi une stupide insensibilité, et je me laissai conduire au couvent sans témoigner aucun chagrin de la captivité à laquelle j’étais condamnée. Quelles paroles auraient pu peindre ce que j’éprouvai en me voyant en peu de jours précipitée d’une situation si florissante, dans un état d’opprobre : j’avais tout perdu, la liberté, mes amis, ma réputation ; et quand tout vous accuse, quand toutes les voix s’élèvent pour vous condamner, l’innocence semble quelquefois douter d’elle même, et embarrassé de croire tout le monde injuste, on se demande si tout ce qui se passe n’est point un songe. La supérieure du couvent avait de l’esprit et de la bonté ; elle me traita d’abord avec cette compassion que la générosité croit devoir