Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/203

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étranger, à qui il doit être indifférent de vivre dans un lieu ou dans un autre. Depuis le moment où mon cœur oppressé n’a pu contenir l’explosion de ses sentimens, avez-vous eu, madame la Comtesse, à vous plaindre de moi ?… Que j’étais éloigné de la vérité !… je croyais que depuis ce temps vous me saviez gré de mes efforts pour cacher, non-seulement aux autres, mais à vous-même mes tourmens. Que vous traitez cruellement un homme à qui vous avez donné le nom de frère, et à qui vous n’avez à reprocher que de vous aimer plus que tous les frères n’ont jamais aimé ! Pourquoi combler la mesure d’un malheur que je dévorais en secret : votre rigueur me fait rompre le silence ; condamné sans retour je puis avouer tous mes crimes ; oui, Madame, cette passion, cet amour, dont je ne vous