Page:Sénac de Meilhan - L'Émigré, Tome 3.djvu/204

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ai entretenue que quelques momens, me domine tout entier ; dans le désespoir où vos ordres me réduisent, prêt à vous perdre pour jamais, c’est une espèce de consolation pour moi de ne plus rien ménager, et, vous parlant pour la dernière fois, de vous dire que je vous adore… J’en profiterai pour vous le répéter mille fois. Depuis le premier instant que je vous ai vue, il ne s’en est pas écoulé un seul sans que vous fussiez présente à ma pensée, et j’ai perdu dès-lors jusqu’à l’idée des malheurs qui m’accablent : patrie, fortune, gloire, tout ce qui n’est pas vous n’a plus de prise sur mon esprit. Je croyais renaître, me trouver dans un autre monde, pendant le court espace de temps que j’ai passé à Loewenstein ; consolé par vous, soigné par vous, tout ce qui m’était arrivé jusque-là n’était