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NOTES D’UNE FRONDEUSE

Ministre de la guerre, etc., etc., le seul qui m’ait dit : « Il y aura toujours ici une place pour vous. »

Pensez si l’on a ri de bon cœur ! Même les plus émus n’ont pu se retenir. Cette phrase de brave homme naïf résumait tant d’aspirations secrètes ; qui ne furent pas naïves, elles — ah ! mais non ! Toute la philosophie de l’aventure, pour la plupart des gens de l’état-major, s’inscrivait en ce bref aveu !

Une Bible aussi était dédiée au général, avec ce verset de saint Jean, en anglais : « Prenez garde, la fin du monde va arriver ! » Elle a été acquise par lord Clomwell, pair de Grande-Bretagne, pour une somme relativement insignifiante.

Mais le héros de la vente a été l’historiographe du boulangisme, cet envahissant et populaire Chincholle. Car son volume, Le général Boulanger, a été le succès de la vente. De cent sous en cent sous, il a, parmi les exclamations, monté à 35 fr., acquis par un confrère trop heureux d’en faire hommage à l’auteur.

On a applaudi ; celui-ci, très ému, a salué… et la presse française compte, à son actif, une victoire de plus !

Alors est venu ce que le catalogue englobait sous la rubrique Objets divers.

L’envoyé spécial du Figaro — je n’ose plus mettre son nom — s’est rendu acquéreur de : 1o, pour 35 fr., le parapluie du général ; 2o, pour 28 fr., d’un lat de chevalets porte-photographies ; 3o, pour 11 francs, de la gaine en cuir du revolver avec lequel Boulanger s’est tué… et de tant d’autres choses que je ne saurais les énumérer.