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SUR MADAME DE SÉVIGNÉ.


20 octobre 1682. au président de Moulceau, où nous apprenons qu’il était souvent à Livry près de sa mère et de sa sœur, nous n’entendons plus parler de Sévigné jusqu’à la fin de 1683, c’est-à-dire jusqu’au moment où sa mère écrivit à Bussy qu’il allait se marier. C’est jusque-là seulement que nous voulions pour le moment le suivre. Dans l’intervalle de ces trois années, mal connues, de sa vie, depuis l’arrivée à Paris de sa sœur jusqu’à son mariage, il contenta enfin le plus ardent de ses désirs, en se défaisant de sa charge de sous-lieutenant des gendarmes-Dauphin. Madame de Sévigné écrivait à Bussy, le 16 décembre 1683, en se félicitant du mariage avantageux qu’allait faire son fils : « Je le croyois hors d’état de pouvoir prétendre à un bon parti, après tant d’orages et de naufragés, sans charges et sans chemin pour la fortune. » Il est évident, d’après ces paroles, que depuis quelque temps déjà il avait reconquis son indépendance. Bussy qui, dans son Histoire généalogique, avait donné une fort petite place au baron de Sévigné, parce que celui-ci, à qui il n’avait jamais plu, l’avait toujours très-peu ménagé, voulut, sur la réclamation de madame de Sévigné, réparer son inexactitude. Ce qui lui était surtout reproché, c’était de s’être borné à dire que Sévigné avait été guidon, sans parler de la sous-lieutenance. Il pria sa cousine « de lui envoyer un petit mémoire du temps que son fils sortit de la charge de guidon ; s’il passa par celle d’enseigne, avant que de venir à la sous-lieutenance, et quand il s’en défit[1]. » Mais, soit que son fils l’eût priée de dédaigner cette rectification, soit que les dates fussent réellement sorties de sa mémoire, elle répondit que toutes ces années se confondaient dans son imagination, et qu’elle avait besoin, pour donner cet éclaircissement, de s’adresser à Sévigné lui-même. L’éclaircissement s’il est venu plus tard, ne se trouve point dans les lettres que nous avons. Seulement, madame de Sévigné dit quelque part[2] que la sous-lieutenance de son fils l’avait fait commander en chef, pendant quatre ans, la compagnie des gendarmes du Dauphin ; c’est une indication probable qu’il vendit cette charge en 1681 ; il l’avait achetée, on s’en souvient, en 1677.

  1. Lettre du 9 avril 1687.
  2. Lettre à Bussy, 22 juillet 1685.