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1646 vous en faire un de notre campagne, c’est proprement à dire un éloge de Monsieur le Duc[1].

    Il fit d’abord le siége de Courtrai ;
    Il y signala sa prudence ;
    Sans elle (pour dire le vrai)
    Nous fussions retournés en France.
    Quoique tout cède à son grand cœur,
    Que rien n’égale sa valeur,
Peut-être en a-t-on vu jadis d’aussi brillante ;
    Mais il est encore inouï
    Qu’à l’âge où la bile régente,
On ait été jamais aussi prudent que lui.

Il est certain, ma chère cousine, qu’on n’a jamais vu tant de conduite avec tant de jeunesse.

    Après cette expédition,
    Nous marchâmes à la Bruyère,
    Pour y faire la jonction
    De ces gros avaleurs de bière.
  Un prisonnier nous dit d’un cœur sincère
Que l’Archiduc la veille opinoit au combat
    (Car c’est en ces grands coups d’Etat

    main de Bussy (voyez au dernier volume l’Indication des sources) ; elles ne diffèrent l’une de l’autre que dans les premières lignes. Nous avons suivi pour ce commencement le manuscrit autographe du Discours de Bussy à ses enfants. Dans l’autre manuscrit voici quel est le début : « Vous qui aimez les détails, Madame, je m’en vais vous en faire un de cette campagne, qui, je crois, ne vous déplaira pas, c’est proprement à dire un éloge de Monsieur le Duc. Pour vous conter ce qu’à Courtrai Firent ses soins et sa prudence, Sans elle, etc. »

  1. Le duc d’Enghien, depuis prince de Condé, alors âgé de vingt-cinq ans. Voyez le récit plus détaillé de la campagne dans les Mémoires de Bussy, tome I, p. 119 et suivantes.