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guère moins irrité contre ce misérable quand vous ne vous trouveriez point sur ses papiers. Car, comme je l’apprends des mieux informés, vos billets, tout civils qu’ils soient, ne donnent aucun juste sujet de les interpréter à votre désavantage, et ne parlent que de la reconnoissance que vous avez du bien qu’il a procuré à Monsieur votre cousin[1]. J’en avois même juré avant que l’on me l’eût assuré, et pour imprimer fortement l’opinion de votre pureté, qui vous est tant due, j’ai battu la campagne contre mon ordinaire, et au milieu de mes pertes et de mes morts, j’ai couru tous les réduits où l’on a créance en mes paroles, pour y soutenir votre justice et pour éclaircir tout le monde peu charitable de l’occasion si louable qui vous a quelquefois obligée à lui écrire des billets. Je m’y suis signalé, n’en doutez point et en suis toujours sorti à ma gloire et à la vôtre par la force de la vérité et par la vigueur de mes paroles. Ne m’en sachez pas pourtant qu’un gré médiocre. Je n’y ai pas trouvé de résistance et m’a toujours semblé qu’avec moins de chaleur même, j’aurois obtenu ce que je désirois de ceux qui m’écoutoient. Je n’ai pas été le seul à vous rendre ce devoir. Vous n’avez point d’amis qui n’aient combattu pour votre cause, et vous en pouvez vivre et dormir en repos. Je n’ai pas voulu être le premier à vous en parler, et j’ai mieux aimé vous servir que de vous en donner la nouvelle[2].
  1. Au marquis de la Trousse, dont Chapelain avait été le précepteur et dont toutes les affaires lui étaient confiées : voyez la lettre suivante. Mme de Sévigné avait eu aussi occasion de remercier Foucquet pour un autre cousin, le comte de Bussy.
  2. M. Mesnard dit avec raison au sujet de toute cette lettre de Chapelain : « Mme de Sévigné fut sans doute reconnaissante de son zèle ; mais nous doutons qu’elle ait été contente de sa lettre. Elle ne devait pas aimer qu’on parlât d’un ami malheureux avec une sévé-