mademoiselle de Chantal, qui était une beauté à attirer tous les
cœurs
[1], » donnant, ce nous semble, à entendre par cette
expression « elle avait auprès d’elle, » que, dans la famille de Coulanges,
c’était elle surtout qui s’était chargée de veiller sur la
petite orpheline. Ceux qui ont lu les Mémoires de madame de
la Guette, savent qu’elle n’était venue habiter Sucy que lorsque
son mariage, longtemps tenu secret, eut été déclaré, c’est-à-dire au plus tôt vers la fin de 1634, et par conséquent après
la mort de Marie de Bèze. Dans son voisinage, madame de la
Guette voyait fort souvent « trois dames de qualité, qui venaient, dit-elle, tous les étés prendre l’air dans leurs belles
maisons de campagne, toutes trois fort connues par leur naissance et par leur mérite
[2]. » Une de ces dames était madame de
Coulanges. La première visite que madame de la Guette lui fit,
doit, d’après son récit, se placer en 1635, après le départ de
M. de la Guette pour sa campagne d’Allemagne. Ce qu’elle dit
de mademoiselle de Chantal, si l’on suit attentivement l’ordre
de sa narration, paraît se rapporter à l’été de 1636, un peu
avant la mort de Philippe de Coulanges. Il ne peut s’agir, en
tout cas, d’une époque antérieure. Si donc ce n’est pas en 1636
que madame de la Guette vit mademoiselle de Chantal auprès
de madame de Coulanges, c’est dans une des années qui
suivirent. Car il n’est pas improbable que madame de Sévigné
soit revenue quelquefois, même après 1636, dans cette maison où « elle a, dit-elle, passé sa belle jeunesse
[3]. » Par un
arrangement de famille, après la mort de Philippe de Coulanges,
la maison de Sucy était devenue la propriété de son fils aîné,
Philippe de la Tour de Coulanges. Sa femme devait aimer cette
campagne qui était dans le voisinage d’Ormesson, et où probablement elle avait commencé à connaître les Coulanges. Aussi
est-ce après sa mort seulement qu’elle fut vendue à une autre
famille. Quand elle y passait l’été, elle y faisait sans doute
- ↑ Mémoires de madame de la Guette, dans la Bibliothèque elzévirienne. Paris, 1856, p. 49. L’éditeur, dans une note (p. 36), est aussi d’avis que cette dame de Coulanges, dont parle madame de Guette, est Marie le Fèvre d’Ormesson.
- ↑ Mémoires de madame de la Guette, p. 35.
- ↑ Lettre à madame de Grignan, du 22 juillet 1676.