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Vous avez raison de croire que la nouvelle du mariage de Mlle de Sévigné me donnera de la joie. L’aimant et l’estimant comme je fais, peu de choses m’en peuvent donner davantage, et d’autant plus que M. de Grignan est un homme de qualité et de mérite, et qu’il a une charge considérable[1]. Il n’y a qu’une chose qui me fait peur pour la plus jolie fille de France : c’est que Grignan, qui n’est pas vieux[2], est déjà à sa troisième femme : il en use presque autant que d’habits[3], ou du moins que de carrosses. À cela près, je trouve ma cousine bien heureuse ; mais pour lui il ne manque rien à sa bonne Fortune. Au reste, Madame, je vous suis trop obligé des égards que vous avez pour moi en cette rencontre. Mlle de Sévigné ne pouvoit épouser personne à qui je donnasse de meilleur cœur mon approbation.

Pour[4] l’autre article de votre lettre, où vous me mandez que vous savez que j’ai fait mettre au bas du portrait que j’ai de vous, que vous avez été mariée à un gentilhomme breton, honoré des alliances de Vassé et de Rabutin, je vous dirai : Que je ne doute pas qu’on ne vous l’ait dit, mais que vous ne devez pas douter aussi qu’on n’ait menti. S’il vous reste un brin d’amitié pour moi, ma chère cousine, vous montrerez à ceux qui vous ont si mal informée ce que je dis d’eux. Vous leur devez cette récompense de leur fausse nouvelle ; car peut-être vous veulent-ils aigrir mal à propos contre moi ; peut-

    pondu, et de plus je sais qu’on a donné ma lettre à l’un de vos gens : informez-vous donc de ce qu’elle est devenue. »

  1. Voyez la Notice, p. 106.
  2. Il devait avoir près de quarante ans. On ne sait pas exactement la date de sa naissance.
  3. Dans le manuscrit de Langheac : « de chemises, » au lieu « d’habits. »
  4. Tout le reste de la lettre manque dans le manuscrit de Langheac.