SUR VART POÉTIQUE D’HORACE. 3î9
vers Siquidinexpertum, etc., pour donner un précepte qui étoit déjà
parfaitement expliqué dans ce demi-vers autsibi convenientia finge
Ce ne seroit qu’une répétition inutile. »
Répanse. Ce n’est pas une répétition, mais une explication très-
nécessaire. M. de S* en prouve ta nécessité. Convenientia line
n’auroit pas été assez entendu sans les trois vers qui l’expliquent.
Mais pourquoi s’amuser à une chose si claire M. de S* pourroit
soutenir par la même raison que ces cinq vers
Sci’lptor honoratum, etc. l
sont inutiles parce qu’il a dit famam sequere, qui est encore plus clair
et plus intelligible que convenientia finge,
M. de S* « Toutes sortes de mœurs et de caractères lui convien-
nent, et dépendent de la fantaisie du poéte. En un mot, tout convient
à un acteur chimérique, dont on peut faire à son gré un héros ou un
scélérat. »
Réponse. Que d’erreurs dans ces quatre lignes! Toutes sortes de
moeurs ne conviennent nullement aux personnages du poëme dra-
matique ils ont leurs moeurs. M. de S* a oublié ce que j’ai eu
l’honneur de lui dire, en parlant du choix des caractères de la tra-
gédie. Un poëte tragique n’a point du tout la liberté de former un
personnage chimérique tel qu’il voudra l’imaginer; il est assujetti
aux lois de son poëme, qui en demande d’une certaine façon. Voilà
qui est déjà fort difficile, comme je l’ai fait voir; et quand il l’a
trouvé tel que le poëme le demande, il faut qu’il le fasse naturel et
juste, ou convenable, et voilà une seconde difficulté. Je prie M. de
S* de se souvenir de cette remarque.
M. de <$* ce Et moi je soutiens qu’il a seulement voulu dire que
si l’on est assez hardi pour hasarder de mettre un sujet in venté sur
le théâtre, il faut observer, etc. »
Réponse. Je ne veux pas profiter de l’avantage que me donne ici
M. de S* par l’étrange sens que présente d’abord son objection ·
car il a trop d’esprit pour avoir eu la pensée que ses paroles renfer-
ment. Son dessein n’a été sans doute que de me contester l’explica-
tion que je donne à si audes, que j’explique si vous osez, et il veut
qu’il signifie si vous êtes assez hardi. Véritablement jen’yvois pasde différence, et je lui en donne le choix. D’où vient qu’il y a en cela
de la hardiesse, sinon de ce qu’il y a de la difficulté ?
j. Vers 120-124.