Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/54

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xlviï! LETTRES INÉDITES

avoir gâtées c’est lui qui a fait envisager à ce même premier personnage toutes les conséquences de ce qu’il disoit, et qui lui a fait enfin supporter la douleur de voir faire du bien à d’autres dans un temps où il lui en coûte cinq cents francs par jour[1]. Cependant, Monsieur, il faut avouer que l’obligation que nous avons à Monsieur votre frère doit être rapportée à celle que nous vous avons. Il n’auroit pas agi comme il a fait, s’il n’avoit pas conuu vos sentiments, et il a bien voulu me faire entendre que vous lui en aviez marqué de si favorables pour moi en particulier, que je dois en être sensiblement touché le reste de ma vie.

Je suis, avec beaucoup de respect et de reconnoissance,

Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Sévigné.

A Vannes, ce 17è novembre 1699.

  1. 6. Dans la lettre du i5 octobre citée plus haut (p. XLII, note 5), Lavardin fait remarquer qu’il ne s’est pas porté lui-même pour un écu de gratification, et qu’il dépense trois mille pistoles par tenue d’états. -- Dans une autre lettre, du 17 novembre 1699, le même Lavardin se montre assez mal disposé pour Sévigné. Après avoir nommé quelques-uns des principaux de la noblesse des états qu’il envoya à leurs collègues pour faire passer d’autorité l’affaire du rachat dès édits, il ajoute « Pour M. de Sévigné, je ne l’y envoyai pas, la noblesse étant si déchaînée contre lui que sa seule présence les eut animés jusqu’à ne pouvoir prendre la résolution réglée. »