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1675Kyrie eleison. On ne laisse pas de pendre ces pauvres bas Bretons ; ils demandent à boire et du tabac[1], et de Caron pas un mot[2].

M. de Coulanges me mande d’étranges bruits de Bellièvre et de Mirepoix pour couper la gorge aux créanciers : ce seroit une bonne forêt que ce benoît hôtel de Bellièvre[3], si cela étoit vrai. Je crois qu’il vous mande comme à moi.

J’ai passé, des sept jours que j’ai été à Nantes, trois après-dînées chez nos sœurs de Sainte-Marie : elles ont de l’esprit, et vous adorent, et le petit ami[4], dont elles étoient charmées : je le porte toujours avec moi ; car s’il alloit tonner, comme disoit Langlade à M. d’Andilly, voyez un peu, sans cela, ce que je deviendrois.

M. de Lavardin vous fait mille compliments, et M. d’Harouys veut, je crois, vous écrire, tant je le trouve enthousiasmé de vous : je l’aime, comme vous savez, et je me divertis à l’observer. Je voudrois que vous vissiez cet esprit supérieur à toutes les choses qui font l’occupation des autres, cette humeur douce et bienfaisante, cette âme aussi grande que celle de M. de Turenne : elle me paroît un vrai modèle pour faire celle des rois, et j’admire combien nous estimons les vertus morales ; je suis assurée que s’il mouroit, on ne seroit non plus en peine de son salut que de celui de M. de Turenne[5].

  1. L’édition de 1754 ajoute : « et qu’on les dépêche. »
  2. Mais ce dont ils devraient avoir un peu plus de souci, l’autre vie, Dieu qui les attend, ils l’oublient, ils n’y donnent pas une pensée. Mme de Sévigné fait ici une nouvelle allusion au mot qui termine le Caron de Lucien. Voyez tome II, p. 349, note 7, et la lettre du 7 mars 1685.
  3. Voyez les lettres de juillet et d’août précédents.
  4. C’est-à-dire le portrait de Mme de Grignan en miniature. (Note de Perrin, 1754.)
  5. Voyez ci-dessus, p. 44 et 45.