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1675verrez qu’elle mourra, si cela fait un inconvénient. Votre raisonnement est d’une justesse sur les affaires d’État, qu’on voit bien que vous êtes devenue politique dans votre gouvernement.

J’ai écrit à la belle princesse de Vaudemont[1] ; elle est infortunée, et j’en suis triste, car elle est très-aimable. Je n’osois écrire à Mme de Lillebonne ; mais vous m’avez donné courage.

Je crains que vous n’ayez pas le petit Coulanges ; sa femme m’écrit tristement de Lyon, et croit y passer l’hiver : c’est une vraie trahison pour elle que de n’être pas à Paris ; elle me mande que vous avez eu un assez grand commerce.

La Trousse est à Paris et à la cour, accablé d’agréments et de louanges ; il les reçoit d’une manière à les augmenter. On dit qu’il aura la charge de Froulai[2] ; si cela étoit, il y auroit un mouvement dans la compagnie[3], et je prie notre d’Hacqueville d’y avoir quelque attention pour notre pauvre guidon, qui se meurt d’ennui dans le guidonnage. Je lui mande de venir ici, je voudrois le marier à une petite fille qui est un peu juive de son estoc, mais les millions nous paroissent de bonne maison[4] ; cela est fort en l’air ; je ne crois plus rien après avoir manqué la petite d’Eaubonne[5].

  1. Au sujet de la mort du duc de Lorraine, Charles IV, son beau-père. Voyez tome II, p. 166, note 7. — Mme de Lillebonne, nommée deux lignes plus bas, était fille de Charles IV.
  2. Voyez p. 164, la note 16 de la lettre du 6 octobre précédent.
  3. La compagnie des gendarmes-Dauphin, où Charles de Sévigné était guidon.
  4. Voyez la Notice, p. 211. — Estoc se dit figurément pour ligne d’extraction.
  5. Antoinette Lefèvre d’Eaubonne, cousine de M. d’Ormesson ; elle avait épousé, au mois de juillet précédent, Urbain le Goux de la Berchère, marquis de Dinteville et de Santenai, comte de la Rochepot, maître des requêtes. Voyez la Notice, p. 211.