Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 261 —


1675l’ermite de la foire, qu’il est allé passer l’avent à Saint-Mihel. Parlez-moi de vous ma très-chère enfant ; comment vous portez-vous ? Votre teint n’est-il point en poudre[1] ? Êtes-vous belle, quand vous voulez ? Enfin je pense mille fois à vous, et vous ne me sauriez trop parler de votre très-chère et très-aimable personne[2]. Je laisse la plume à cet honnête garçon, et je vous embrasse de tout mon cœur.


DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.


Que veut-on dire de cet honnête garçon ? On ne me trouve pas bon à jeter aux chiens, parce que je suis quinze jours à faire cent cinquante lieues de pays ; et quand je me serois arrêté un peu en chemin, seroit-ce un grand malheur ? Cependant on gronde contre moi, on jure parce qu’on ne me voit point, et qu’on ne jouit point des charmes de ma présence : voilà ce que c’est que d’être trop charmant ; ah, mon père ! pourquoi me faisiez-vous si beau ? J’ai reçu votre lettre ; et l’amitié tendre et solide que vous m’avez toujours témoignée me fait croire sans

  1. Voyez ci-dessus, p. 234, note 26.
  2. « De ce qui vous regarde. » (Édition de 1754.)