1675ressuscitée mais n’est-ce point deux fois mourir, bien près l’une de l’autre ? car elle a quatre-vingts ans. Mme de Coulanges m’apprend la bonne compagnie de notre quartier ; mais cela ne me presse point d’y retourner plus tôt que ce que j’ai résolu : je ne m’y sens attirée que par des affaires ; car pour des plaisirs, je n’en espère point, et l’hiver n’est point ici ce que l’on pense : il ne me fait nulle horreur. Nous suivons vos avis pour mon fils : nous consentons à quelques fausses mines ; et si l’on nous refuse, chacun vendra de son côté[1] ; en attendant, il me fait ici fort bonne compagnie, et il trouve que j’en suis une aussi ; il n’y a nul air de maternité à notre affaire ; la princesse en est étonnée, elle qui n’a qu’un benêt de fils, qui n’a point d’âme dans le corps[2]. Elle est bien affligée des troupes qui sont arrivées à Vitré : elle espéroit, avec raison, d’être exemptée ; mais voilà un bon régiment dans sa ville : c’eût été une chose plaisante si c’eût été le régiment de Grignan ; elle passera l’hiver ici ; il est à la Trinité, c’est-à-dire à Bodégat[3]. J’ai écrit au chevalier, non pas pour rien déranger, car tout est réglé, mais afin que l’on traite doucement et honnêtement mon fermier, mon procureur fiscal et mon sénéchal ; cela ne
- ↑ Voyez la lettre du Ier décembre précédent, p. 254.
- ↑ Charles-Belgique-Hollande, seigneur de la Trémouille, duc de Thouars, prince de Tarente et de Talmont, premier gentilhomme de la chambre, né en 1655 à la Haye ; il épousa en 1675 Madeleine de Créquy, fille unique du dernier duc, et mourut en 1709. Son fils épousa une petite-fille de Mme de la Fayette. Le prince de Tarente avait eu pour parrains le roi de Suède, qui lui donna le nom de Charles, les états généraux des Provinces-Unies et les états particuliers de la province de Hollande, qui lui donnèrent ceux de Belgique-Hollande. — Sur la manière sévère dont il est jugé par Mme de Sévigné, voyez la Notice, p. 199.
- ↑ Terre du marquis de Sévigné en basse Bretagne, près du bourg de la Trinité, à peu de distance de Quimper. Elle fut abandonnée à Mme de Sévigné pour la remplir de ses reprises.