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1675leur coûtera rien, et me fera un grand honneur : cette terre m’est destinée, à cause de votre partage.

Si je vois ici le Castellane[1], je le recevrai fort bien : son nom et le lieu où il a passé l’été me le rendront fort considérable. L’affaire de mon président va bien ; il se dispose à me donner de l’argent, c’est-à-dire à M. d’Harouys[2] : voilà une des affaires que j’avois ici. Celle qu’entreprend l’abbé de la Vergne[3] est digne de lui : vous me le représentez un fort honnête homme.

Ne voulez-vous point lire les Essais de morale, et m’en dire votre avis ? Pour moi j’en suis charmée ; mais je le suis fort aussi de l’oraison funèbre de M. de Turenne[4] : il y a des endroits qui doivent avoir fait pleurer tous les assistants ; je ne doute pas qu’on ne vous l’ait envoyée : mandez-moi si vous ne la trouvez pas très-belle. Ne voulez-vous point achever Josèphe ? Nous lisons beaucoup, et du sérieux, et des folies, et de la fable, et de l’histoire. Nous faisons tant d’affaires, que nous n’avons pas le temps de nous tourner. On nous plaint à Paris, on croit que nous sommes au coin du feu à mourir d’ennui et à ne pas voir le jour : hélas ! ma bonne, je me promène, je m’amuse ; ces bois n’ont rien d’affreux ; ce n’est pas d’être ici qu’il me faut plaindre. Je ne me charge point de vos compliments pour Mme de la Fayette : priez-en M. d’Hacqueville ; la machine ronde n’a été que deux ou trois jours sans tourner : il a été à Saint-Ger-

  1. Un parent de M. de Grignan. (Note de Perrin.)
  2. Du président de Mesneuf. Voyez ci-dessus, p. 278.
  3. Il était créancier de Mme de Sévigné. Voyez la lettre du marquis de Sévigné à sa sœur, du 27 septembre 1696.
  4. Probablement ses missions. Voyez ci-dessus, p. 277, la note 8 de la lettre du 15 décembre précédent.