Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/357

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1676les lisant. Nous craignons celles où vous allez faire de grands cris sur le mal que j’ai eu : premièrement, parce que vous vous en prendrez à moi, et cela n’est point juste ; tout le monde, en ce pays, a eu des rhumatismes, ou des fluxions sur la poitrine : choisissez. Il y a six semaines que la Marbeuf en est périlleusement malade : ainsi il falloit bien payer le tribut d’une façon ou d’une autre ; et pour vos inquiétudes et vos frayeurs, elles commencent justement dans le temps qu’il n’y a plus de sujet d’en avoir, parce que je suis présentement hors de toute fièvre et des douleurs du rhumatisme ; ce qui me reste est d’avoir les pieds et les mains enflés ; en sorte que je ne saurois me guérir en marchant de tous les maux que je me suis faits dans le lit ; mais cela s’appelle des incommodités, et point du tout des périls[1]. Ainsi, ma chère enfant, mettez-vous l’esprit en repos : nous ne songeons qu’à reprendre des forces, et à nous en aller à Paris, où je vous donnerai de mes nouvelles. Je ne vous saurois écrire aujourd’hui : j’ai la main droite encore fort enflée ; pour la gauche, elle ne l’est plus du tout ; elle est toute désenflée et toute ridée ; ç’a été une joie extraordinaire de la voir en cet état. Je vous assure qu’un rhumatisme est une des belles pièces qu’on puisse avoir : j’ai un grand respect pour lui ; il a son commencement, son augmentation, son période et sa fin ; heureusement c’est dans ce dernier terme que nous sommes.

Pour Mme de Vins et son beau-frère, je crois vous les avoir découverts par un côté qui vous doit contenter, puisqu’il me contente. Ils n’ont point voulu paroître tels qu’ils ont été : ils ont leurs raisons, et il faut laisser la li-

  1. LETTRE 499. — Périls, et neuf lignes plus haut périlleusement, est le texte de 1734 ; dans l’édition de 1754, il y dangers et dangereusement.