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1676le premier, à mon regret. Je suis fort touchée de la dévotion d’Arles ; mais je ne puis croire que celle du Coadjuteur le porte jamais à de telles extrémités : nous vous prions de nous mander la suite de ce zèle si extraordinaire. Je suis bien aise que vous ayez vu le dessous des cartes du procédé de M. de Pompone et de Mme de Vins, et que vous soyez entrée dans leur politique, sans en avoir rien fait retourner à Paris : ce sont des amis sur lesquels nous pouvons compter.

Adieu, ma très-chère enfant : il me semble que c’est tout ce que j’ai à vous dire ; si je n’étois pas en inquiétude[1] de vous et de votre santé, je serois dans un état digne d’envie ; mais la misère humaine ne comporte pas tant de bonheur. J’embrasse M. de Grignan de tout mon cœur, et vous, ma fille, avec une tendresse infinie.

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504. — DE LA PETITE PERSONNE, SOUS LA DICTÉE DE MADAME DE SÉVIGNÉ, À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, ce mercredi des Cendres, 19e février.

Je souhaite, ma chère fille, que vous ayez passé votre carnaval mieux que moi[2] ; rien ne doit vous en avoir empêchée : ma santé ne doit plus il y a longtemps vous donner d’inquiétude ; pour moi elle me donne de l’ennui. La fin infinie d’un rhumatisme est une chose incroyable : on ressent des douleurs qui font ressouvenir du commencement ; l’on meurt de peur ; une main se renfle traîtreusement, un torticolis vous trouble : enfin, mon enfant, c’est une affaire que de se remettre en parfaite santé ; et comme je l’entreprends, j’en suis fort

  1. « Si je n’étois en peine. » (Édition de 1754.)
  2. LETTRE 504. — « Plus gaiement que moi. » (Ibidem.)