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de corbinelli.

J’arrive toujours tout à propos pour soulager cette pauvre main. Elle vouloit encore vous dire qu’elle a vu la bonne princesse de Tarente, qui est si dissipée et si étourdie de Paris, que je n’ai pas osé seulement lui parler de votre réponse. Nous regrettâmes ensemble la tranquillité de nos Rochers. Je me lasse d’être secrétaire, je veux vous entretenir un moment.

Madame votre mère vous parle des projets de Cambrai fort succinctement : voici ce que les politiques disent. Il est de fait que toutes nos troupes sont, les unes à l’entour de Cambrai, les autres sous Ypres, les autres vers Bruxelles, où l’on a détaché Nancré[1] pour l’incommoder ; et tout cela pour donner des jalousies[2], et tenir les confédérés dans l’incertitude, et seulement afin de les empêcher de faire un gros d’armée d’une partie de leurs garnisons, et amuser le tapis. Ce que l’on trouve ici de plus beau, c’est d’envoyer un secrétaire d’État[3] assembler les troupes, et porter les ordres partout. M. de Créquy est à Cambrai, M. d’Humières est à Ypres, et pour tout le reste le secret est uniquement dans la tête du Roi. Le jour de son départ a été caché jusqu’au lundi, sortir du conseil[4]. M. de Lunebourg[5] s’est dé-

  1. C’est la leçon du manuscrit. On lit Vaudrai dans les deux éditions de Perrin. — Claude-Antoine de Dreux, comte de Nancré, lieutenant général des armées du Roi, était gouverneur d’Ath : voyez la Gazette, p. 248.
  2. C’est le mot même dont se sert la Gazette (p. 295) : « On travaille dans toutes nos places, est-il dit dans une lettre de Bruxelles, à les mettre en état de défense, les mouvements des François les tenant toutes en jalousie. »
  3. M. de Louvois. (Note de Perrin.)
  4. Le Roi partit de Saint-Germain en Laye le 16 avril, à midi. Voyez la lettre suivante, p. 412, et la Gazette du 18 avril.
  5. Le duc de Zell. Voyez sur lui, sur le duc d’Hanovre et sur