Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/444

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 438 —


1676de Mme Cornuel ; il me fait faire mille amitiés par mon fils.

Nous partons lundi ; je ne veux point passer par Fontainebleau, à cause de la douleur que j’y sentis en vous reconduisant jusque-là[1]. Il faut que j’y retourne au-devant de vous. Adressez vos lettres pour moi et pour mon fils à du But ; je crois que je les recevrai encore mieux par là que par des traverses. Je crois que notre commerce sera un peu interrompu ; j’en suis fâchée : vos lettres me sont d’un grand amusement ; vous écrivez comme Faure danse. Il y a des applications sur des airs de l’opéra, mais vous ne les savez point. Que je vous plains, ma très-belle, d’avoir pris une vilaine médecine plus noire que jamais ! ma petite poudre d’antimoine est la plus jolie chose du monde : c’est le bon pain, comme dit le vieux de la Montagne[2]. Je lui désobéis un peu, car il m’envoie à Bourbon ; mais l’expérience de mille gens, et le bon air, et point tant de monde, tout cela m’envoie à Vichy. La bonne d’Escars vient avec moi, j’en suis fort aise. Mes mains ne se ferment point ; j’ai mal aux genoux, aux épaules, et je me sens encore si pleine de sérosités, que je crois qu’il faut sécher ces marécages, et que dans le temps où je suis il faut extrêmement se purger, et c’est ce qu’on ne peut faire qu’en prenant des eaux chaudes. Je prendrai aussi une légère douche à tous les endroits encore affligés du rhumatisme : après cela il me semble que je me porterai fort bien.

Le voyage d’Aigues-Mortes[3] est fort joli ; vous êtes

  1. Voyez tome III, p. 455, note 4.
  2. C’est le texte de l’édition de 1734, où ces mots sont expliqués en note par « de l’Orme. » L’impression de 1754 a de l’Orme dans le texte.
  3. Sans doute chez Vardes, qui depuis sa disgrâce était relégué dans son gouvernement.