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1676rafraîchit : il en faut toujours revenir là ; et afin que vous le sachiez, toutes mes sérosités viennent si droit de la chaleur de mes entrailles, qu’après les avoir consumées à Vichy, on va me rafraîchir plus que jamais par des eaux, par des fruits, et par tous mes lavages que vous connoissez. Prenez ce régime plutôt que de vous brûler, et conservez votre santé d’une manière que ce ne soit point par là que vous puissiez être empêchée de me venir voir. Je vous demande cette conduite pour l’amour de votre vie, et pour que rien ne traverse la satisfaction de la mienne.

Je vais me coucher, ma fille ; voilà ma petite compagnie qui vient de partir. Mmes de Pompone, de Vins, de Villars et Saint-Géran ont été ici : j’ai tout embrassé pour vous. Mme de Villars a fort ri de ce que vous lui mandez : j’ai un mot à lui dire ; cela ne se peut payer. Je pars demain à cinq heures ; je vous écrirai de tous les lieux où je passerai. Je vous embrasse de tout mon cœur : je suis fâchée que l’on ait profané cette façon de parler ; sans cela, elle seroit digne d’expliquer de quelle façon je vous aime.





536. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Montargis, mardi 12e mai.

Je vous écrivis hier en partant, ma très-chère enfant, et vous recevrez celle-ci par la même poste[1] ; de sorte

  1. LETTRE 536. — C’est la leçon de 1734. On lit dans la seconde édition de Perrin (1754) : « Je vous écrivis avant-hier au soir, ma chère enfant, et vous recevrez deux de mes lettres par la même poste ; » mais Mme de Sévigné peut bien avoir dit hier en parlant d’une lettre qu’elle a écrite quelques heures seulement avant son départ et qu’elle n’a peut-être fermée que le lundi matin.