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1675sinon que ce que le comte de Gramont a dit à Rochefort se pouvoit encore fort bien dire à deux autres[1].

Nous sommes deçà le Rhin ; mais on me mande que les Allemands y sont aussi : tout cela honore bien la mémoire de M. de Turenne. S’il vivoit, nous serions plus proches du Neckar que du Rhin[2]. J’espère que Monsieur le Prince remettra pour le moins les affaires en même état qu’elles étoient[3], mais c’est une chose à faire ; et puis Monsieur le Prince guérit avec du vin émétique, et M. de Turenne guérissoit avec un bon régime de vivre.

La destinée de la belle Madelonne est bizarre, et il y a sujet de s’écrier : Providence ! Providence ! mais souvenez-vous du temps que vous m’écriviez que c’étoit un mari divin pour la société[4] : il ne l’est pas pour le commerce.

La petite Toulongeon est fort aise du bien que vous dites d’elle. Vous en diriez encore plus si vous l’aviez vue plus longtemps. Elle est bonne pour ses amies ; elle est merveilleuse pour son mari ; elle seroit admirable pour un amant, si elle en vouloit. Ne croyez pas M. de Sévigné guère plus en sûreté avec M. de Luxembourg qu’avec

  1. À la place de ce paragraphe, on lit dans le manuscrit de l’Institut : « Rien ne fait plus d’honneur à la mémoire de M. de Turenne que de faire huit maréchaux de France quand on le perd. Je n’oublierois pas à dire cela, si je faisois son oraison funèbre. »
  2. Au lieu de ces mots : « Tout cela honore, etc., » on lit dans le manuscrit de l’Institut : « Voilà encore qui entreroit dans le panégyrique de mon héros. S’il vivoit, les armées seroient plus proches du Nécre (Bussy écrit ainsi le mot dans les deux copies) que du Rhin. Je crois que Monsieur le Prince, etc. » Le Neckar, ou Necker, prend sa source dans la forêt Noire et se jette dans le Rhin près de Manheim.
  3. « Au même état, au moins, qu’elles étoient. » {Manuscrit de l’Institut.) — La lettre finit, dans ce manuscrit, à la fin de ce paragraphe.
  4. Voyez la lettre du 4 juin 1669, tome I, p. 544.