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1675
Monsieur le Prince : ce nouveau maréchal est aussi désireux de gloire que s'il étoit encore à parvenir[1].

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429. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Paris, lundi 12e août.

Je vous envoie la plus belle et la meilleure relation qu’on ait eue ici de la mort de M. de Turenne : elle est du jeune marquis de Feuquières à Mme de Vins, pour M. de Pompone. Ce ministre me dit qu’elle étoit meilleure et plus exacte que celle du Roi. Il est vrai que ce petit Feuquières[2] a un coin d’Arnauld dans sa tête, qui le fait mieux écrire que les autres courtisans.

Je viens de voir le cardinal de Bouillon : il est changé à n’être pas connoissable. Il m’a fort parlé de vous : il ne doute pas de vos sentiments. Il m’a conté mille choses de M. de Turenne, qui font mourir. Son âme[3] apparemment, étoit en état de paroître devant Dieu, car sa vie étoit parfaitement innocente. Il demandoit à son neveu, à la Pentecôte, s’il ne pourroit pas communier sans se

  1. Dans notre copie, une autre main a ajouté ce qui suit, à la fin de la lettre : « J’ai écrit au Roi sur la mort de M. de Turenne. Voilà ma lettre. Vous voyez que je me sers de toutes sortes de sujets pour entretenir commerce avec notre maître. » — Voyez cette lettre au Roi dans l’édition de 1697, tome I, p. 182, et dans la Correspondance, tome III, p. 458.
  2. LETTRE 429. Note 1. Antoine de Pas, marquis de Feuquières, auteur des Mémoires sur la guerre, mort à soixante-trois ans en 1711 (voyez la lettre du 2 février 1680). Il était petit-fils d’Anne Arnauld de Corbeville, cousine germaine d’Arnauld d’Andilly (voyez tome II, p. 351, note 3).
  3. C’est le texte de 1734. Dans l’édition de 1754 : « son oncle. »