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prit la parole, et dit « Sire, nous n’en sommes pas là ; c’est assez que nous apprenons à bien répondre. » Les ministres et tout le monde ont trouvé un agrément et un air de noblesse dans son discours qui donna une véritable admiration. J’ai bien à remercier les Grignans de tout l’honneur qu’ils me font, et des compliments que j’ai reçus depuis peu, et du côté d’Allemagne, et de celui de Versailles : je voudrois bien que l’aîné eût quelque grâce de la cour pour m’en faire avoir de Provence[1].

M. de la Trousse a écrit à sa femme : il est prisonnier de son ami le marquis de Grana, et se porte très-bien, sans aucune blessure ; jamais un homme n’a été si heureux ; cette affaire n’a été que pour sa gloire. Il mande qu’on le vient d’assurer que M. de Sanzei a été tué ; je le croirois bien, car outre qu’on n’a point de ses nouvelles, c’est que c’étoit un vrai homme à payer de sa personne, voyant que son régiment faisoit mal : nous en saurons de plus sûres nouvelles.

Je ne vous parle plus de vos Bellièvres, ni du Mirepoix. Si je vais en Bretagne, ce sera dans le temps des vacances, et des premières chicanes, où je serois inutile, car aussitôt qu’il sera temps d’agir, je n’y perdrai pas un seul moment. Nous allons plaider pour avoir la ratification, et pour faire juger la question entre M. de Mirepoix et Mme du Puy-du-Fou. N’ayez aucun soin de cette affaire ; c’est la mienne et plus que la mienne. Nous avons toujours un bon acte de la Puy-du-Fou, et une transaction qui rend le Mirepoix infâme : nous nous tirerons de leurs

  1. C’est le texte du manuscrit. Dans l’édition de 1734 : « pour m’en faire avoir aussi de Provence ; » dans celle de 1754 : « pour me faire avoir aussi des compliments du côté de Provence. »