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1676On peut faire les fêtes et les opéras : sûrement le bonheur du Roi, joint à la capacité de ceux qui ont l’honneur de le servir, remplira toujours ce qu’ils promettront. J’ai l’esprit fort en liberté présentement du côté de la guerre.

M. le cardinal de Retz vient de m’écrire, et me dit adieu pour Rome. Il partit dimanche 2e d’août ; il fait le chemin que nous fîmes une fois, où nous versâmes si bien ; il arrivera droit à Lyon, d’où ils prendront tous le chemin de Turin, parce que le Roi ne veut pas leur donner des galères. Ainsi vous n’aurez point le plaisir de le voir, comme je le croyois. Je suis en peine de sa santé il étoit dans les remèdes ; mais il a fallu céder aux instantes prières du maître, qui lui écrivit de sa propre main. J’espère que le changement d’air, et la diversité des objets, lui fera plus de bien que la résidence et l’application, dans sa solitude.

Vous avez donc enfin M. de Grignan ; je souhaite que vous l’ayez traité comme un étranger : j’ai trouvé fort bon que vous en ayez raccourci votre lettre. Il est vrai qu’il fait des merveilles pour le service de Sa Majesté : je le dis, quand l’occasion s’en présente ; j’en cause souvent avec d’Hacqueville, qui a si bien remis le calme dans l’hôtel de Gramont, qu’on n’entend plus rien du tout ; mais c’est à son habileté qu’un tel silence est dû, car il est certain qu’il y a eu de quoi réjouir le public[1]. Ce que vous me répondez sur les folies que je vous mande vaut bien mieux que ce que je dis. Je ne trouve rien de plus plaisant que de ne pas dire un mot à M. de la Garde d’une chose à quoi vous pensez tous en même temps : mandez-moi donc quand il faudra écrire, et m’envoyez la lettre toute faite, je la copierai. J’embrasse M. de Grignan et je le remercie des bontés qu’il a eues pour le chevalier de Sévigné, qu’il a vu à Toulon ; c’est mon filleul ; il m’a écrit une lettre toute

  1. 12. Voyez la lettre du 17 juillet précédent, tome IV, p. 530 et 531.