1677 que vous vous portiez bien ce jour-là. Il est vrai que si Vardes m’eût parlé un peu plus au temps présent de votre maladie, nulle considération n’auroit pu me retenir ; mais il fit si bien que je ne pus tourner mon inquiétude que sur le passé. Ma très-chère, au nom de Dieu, rapportez-moi votre bonne santé et votre joli visage ; car je ne puis[1] m’en passer, ni vous permettre d’être changée à l’âge où vous êtes. N’espérez donc point que je sois traitable sur cette maigreur, qui marque visiblement votre mauvaise santé ; la mienne est admirable. Je finis demain toutes mes affaires, je prends ma dernière médecine. J’ai bu seize jours ; je n’ai pris que deux douches et deux bains chauds ; je n’ai pu soutenir la douche ; j’en suis fâchée, car j’aime à suer ; mais j’en étois trop échauffée et trop étourdie : en un mot, c’est que je n’en ai plus de besoin, et la boisson m’a suffi et fait des merveilles[2]. Je m’en vais vendredi à Langlar ; mes commensaux, Termes, Flamarens, Jussac, m’y suivront ; le chevalier m’y viendra voir samedi, et reviendra lundi commencer sa douche. Il ne sera plus que huit jours sans moi ; je le laisse en bon train : les eaux lui font beaucoup de bien ; il recevra en mon absence mille présents de mes amis ; il est fort content de moi. Pour mes mains, ma fille, elles sont mieux, et cette incommodité est si petite, que le temps est le seul remède que je veuille souffrir. Je suis au désespoir de la tristesse de vos songes : eh, mon Dieu ! faut-il que dans l’état où je suis je vous fasse du mal ? C’est bien, je vous assure, contre mon intention. Je ne sais si vous avez celle de m’écrire des endroits admirables : vous y réussi-
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