Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/363

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1677 Je l’appris en chemin, et j’en écrivis à M. Jeannin ; car quand il y a fracture, cela mérite un compliment. J’ai bien ri avec Corbinelli de la manière dont nos deux oncles nous écrasoient, ma nièce et moi. Corbinelli dit que si c’eût été vous qui eussiez été sur votre beau-frère[1], vous n’auriez pas perdu cette occasion de procurer innocemment une succession à votre fille. Il a pensé mourir, notre pauvre Corbinelli. Il prit de l’or potable, qui le sauva par une sueur qui le laissa sans fièvre[2]. Il n’est rien tel que d’être riche : un gueux en seroit mort. Je crois que[3] ma tante de Toulongeon aimerait mieux mourir que de vivre à ce prix-là. La plaisante chose que l’avarice ! Voyez à quoi lui servira la succession de M. Frémyot après qu’elle sera morte[4] ; et avec quelle exactitude elle n’y veut rien perdre, par l’horreur de perdre seulement, car elle le perd d’une autre manière ; mais c’est sous l’apparence de n’être pas dupe, et de ne point trop relâcher ; et plût à Dieu que j’eusse traité, comme elle le dit, de ma part de cette succession ! je souffrirois courageusement ses reproches ; mais elle n’a que faire de craindre : on ne m’a pas prise au mot, ni même écouté ma proposition. Mme de la

  1. 8. « Sur Toulongeon. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale,)
  2. 9. Un éditeur (nous ne savons quel il est, mais beaucoup l’ont copié) a ajouté ici, comme si la plaisanterie qui suit avait besoin d’un commentaire, la lourde explication que voici : « Ne diroit-on pas que pour vivre il n’est rien tel que d’être riche ? Cependant nous ne savons que trop qu’il ne l’est pas. Il n’est rien tel, etc. » Voyez, dans la lettre 664, les lignes 2 et suivantes de la p. 369, auxquelles cette addition ôte tout leur sens.
  3. 10. « Je. crois que » manque dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale.
  4. 11. « Après sa mort. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Trois lignes plus loin, ce manuscrit donne : « mais c’est sous l’apparence de ne rien relâcher ; » et à la fin du paragraphe : « Mme de la Boulaye fait bien mieux valoir. »