Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/392

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1677 soins ; et aujourd’hui je garde ma chambre et fais l’entendue dans mon hôtel de Carnavalet, que vous ne reconnoîtriez pas depuis qu’il est rangé. J’y attends la belle Grignan dans cinq ou six jours : elle prend la rivière ; ainsi vous ne la prendrez point. Je n’eusse pas été de cet avis si j’eusse été du conseil tenu à Lyon ; car outre que les chemins de Bourgogne sont encore fort beaux, la circonstance de trouver Époisse sur mon chemin, avec le maître et la maîtresse, et tout le petit peuple, et la très-bonne, m’auroit entièrement déterminée. Je vous manderai le second tome[1] du voyage des Grignans, et cependant je vous supplie d’être mon correspondant avec Gauthier[2], et de vouloir bien faire comprendre à la Maison[3] que vous prenez un grand intérêt à votre petite servante : il fait encore des folies sur nos réparations, et à force de vouloir soutenir mon vieux château, il me fera tomber dans la misère de n’avoir pas de quoi souper cet hiver. Je laisse à M. d’Hacquevilie le soin des nouvelles de l’Europe, et je prends celui de vous aimer, de vous honorer, et d’être toute ma vie dans tous vos intérêts. Bonjour, la Beauté [4] Me regarderoit-elle, si je lui baisois une main ? Le bon abbé vous est entièrement acquis et vous prie de compter sur lui.

Marie Rabutin Chantal.

  1. Lettre 670 (revue sur l’autographe). — 1. Dans l’édition Klostermann (1814), où cette lettre a paru d’abord, on avait imprimé terme, pour tome ; plus haut, ligne 5 de la lettre : « jusqu’à, » pour « jusques à ; » ligne 12 : « qu’on appelle, » pour « que l’on appelle ; » plus loin, dans l’une des dernières phrases : « d’Hacqueville, » pour « M. d’Hacqueville. »
  2. 2. Conseil, homme d’affaires de Mmes  de Guitaut et de Sévigné.
  3. 3. Fermier de Mme  de Sévigné à Bourbilly.
  4. 4. Une des filles du comte de Guitaut. Voyez p. 337, note 7.