Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/49

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1676 fort bien mêlées. Cette lecture est fort attachante. Pour moi je passe bien plus loin[1] que les jésuites ; et voyant les reproches d’ingratitude, les punitions horribles[2] dont Dieu afflige son peuple, je suis persuadée que nous avons notre liberté tout entière ; que par conséquent nous sommes très-coupables, et méritons très-bien le feu et l’eau, dont Dieu se sert quand il lui plaît. Les jésuites n’en disent pas encore assez, et les autres donnent sujet de murmurer contre la justice de Dieu, quand ils nous ôtent ou affoiblissent tellement notre liberté que ce n’en est plus une[3]. Voilà, ma très-chère bonne, en vérité, le profit que je fais de mes lectures. Je crois que mon confesseur m’ordonnera la philosophie de Descartes[4].

Je crois à présent Mme  de Rochebonne avec vous, et m’en vais l’embrasser. Est-elle bien aise dans le château de ses pères[5] ? Tout le chapitre[6] lui rend-il bien ses devoirs ? Est-elle bien aise de voir ses neveux ? Et Pauline, est-il vrai qu’on l’appelle Mlle  de Mazargues[7] ? Je serois fâchée de manquer au respect que je lui dois.

  1. 5. Je pense bien plus loin, (Édition de la Haye, 1726.)
  2. 6. Le mot horribles n’est pas dans le texte de la Haye (1726).
  3. 7. La lettre se termine ici dans l’impression de 1725.
  4. 8. Cette phrase se trouve pour la première fois dans l’édition de Perrin de 1734.
  5. 9. C’est le texte de l’édition de Rouen.(1726). Celle de la Haye donne : « le château de son père ; » et celles de Perrin : « sa maison paternelle. »
  6. 10. La collégiale de Grignan. (Note de Perrin.)
  7. 11. Les impressions de la Haye et de Rouen (1726) portent ici : « Est-elle bien aise dans le château de sons père (Rouen : ses pères), et de voir ses neveux et Pauline ? Est-il vrai, etc. » La leçon que nous adoptons est celle de la première édition de Perrin (1734). — Pauline de Grignan avait alors trois ans. Mazargues était une terre située aux environs de Marseille, et apportée dans la maison de Grignan par une demoiselle d’Ornano. Voyez la lettre de Mme  de Grignan à Mme  de Coulanges, du 5 février 1703.