Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/543

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me résoudre à les défendre. Vous me demandez si je vous aime toujours, ma chère tante : voilà une belle demande ! Je suis presque offensée de cette question ; mais puisqu’il faut parler net, je vous assurerai que je vous aime de tout mon cœur, et que je fais bien autre chose, car je vous honore, je vous respecte, et je vous admire tous les jours de ma vie.


du comte de bussy.

Adieu, ma chère cousine : personne ne vous honore ni ne vous aime[1] plus que je fais ; je ne le cède pas même à la belle Madelonne. J’ai par-dessus elle la différence des sexes, qui donne à mon amitié pour vous un degré de chaleur plus que la sienne.


1679

* 719. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE ET A LA COMTESSE DE GUITAUT.

À Paris, ce 13e juin.

C’est bien à vous, Madame, à me gronder de n’avoir pas le pouvoir d’empêcher ma fille d’aller en Provence avec son mari, vous qui avez donné le plus cruel et le plus dangereux exemple du monde, de l’attachement que l’on a pour ces Messieurs-là. Vous souvient-il de la dureté et de l’opiniâtreté que vous aviez contre les larmes et les raisons de tous vos parents et amis, et comme vous allâtes enfin accoucher agréablement dans la mer Médi-

  1. 10 « Personne ne vous aime plus que je fais. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) Ce manuscrit n’a pas la dernière phrase de la lettre.