Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/549

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


de corbinelli.

J’ai lu, Monsieur, la lettre que vous écrivez au Roi ; je l’ai trouvée charmante par les sentiments, par le tour, par le style, par sa noble facilité, et par tout ce qui peut rendre un ouvrage de cette espèce incomparable. Je n’y ai rien vu dont on se pût passer, ni rien non plus à y ajouter. Le Roi devroit vous commander d’être son unique historien[1]. Pour moi, je soutiens un procès, et je fais mes factum moi-même : je raisonne avec toute la rigueur de la dialectique ; mais la chicane est plus forte que les raisons, et le crédit plus puissant que la justice. Ce qui me console au moins est que je donne autant de peine qu’on m’en donne, en satisfaisant à mon devoir et à des mouvements de générosité. Pour vous, je vous conseille de jouir de votre solitude, et de mépriser les agitations de la cour : quand on est parvenu à connoître les misères de ce pays-là, et les charmes du vôtre, on est en état d’être heureux, s’il est possible de l’être. J’en dis autant à Madame de Coligny, qui vaut tout ce qu’on peut valoir, à mon gré.


721. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ ET À CORBINELLI.

Trois jours après que j’eus reçu cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 4e juillet 1679.

du comte de bussy.

Je voudrois que vous vissiez avec quelle joie je reçois

  1. 3. Le manuscrit de la Bibliothèque impériale ajoute ici : « et de ne parler de vous-même qu’incidemment dans sa vie. »