Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1676 craignant bien qu’on ne lui pardonne pas l’ombre seulement de sa fusée ; car ce fut une grande boucle tirée, lorsque l’on y pensoit le moins, qui met l’alarme au camp[1]. Je vous en dirai davantage, quand j’aurai vu Sylphide[2].

Amonio ne me chasse point encore d’ici ; il y fait trop beau, et je m’en vais y guérir mes mains. Je ne lui dis jamais un mot d’italien ; mais aussi il ne m’en dit pas un de françois : voilà ce que nous aimons. Il y a bien des intrigues à Chelles pour lui : je crois qu’il n’y fera pas vieux os, tout est révolté. Madame[3] le soutient, les jeunes le haïssent, les vieilles l’approuvent, les confesseurs sont envieux, le visiteur le condamne sur sa physionomie : il y a bien des folies à dire sur tout cela. Mais parlons de Philisbourg : on commence à croire qu’il ne sera point pris ; il n’est déjà plus que bloqué. Les troupes[4] sont décampées pour aller prier humblement M. de Luxembourg de se retirer du Brisgau[5] (dis-je bien ?) qui est une

  1. 16. Mme  de Caylus donnera l’intelligence de ce passage : « Mme  de Montespan, dit-elle, découvrit cette intrigue par l’affectation que Mme  de Soubise avoit de mettre certains pendants d’oreille d’émeraudes les jours que M. de Soubise alloit à Paris. Sur cette idée, elle observa le Roi, le fit suivre, et il se trouva que c’étoit effectivement le signal du rendez-vous. » Souvenirs de Madame de Caylus, tome LXVI, p. 395, 396.) Mademoiselle (dans ses Mémoires, tome IV, p. 419, 420, parle aussi de ces pendants d’oreille : « On nomma la dame… Toutes les fois qu’elle vouloit qu’il allât chez elle (car elle avoit des précautions à prendre, ayant un mari), elle mettoit des pendants d’oreille d’émeraudes au dîner et au souper du Roi, où elle se trouvoit. » (Note de l’édition de 1818.)
  2. 17. Mme  de Coulanges.
  3. 18. L’abbesse, Mme  de Cossé Brissac. Voyez la lettre du 6 mai précédent, tome IV, p. 433.
  4. 20. « Les troupes ennemies. » (Édition de 1754).
  5. 20. Pays d’Allemagne entre le Rhin et la forêt Noire. (Note de Perrin.) On lit Brisgaw, au lieu de Brisgau, dans les deux éditions de Perrin. — La Gazette du 12 rapporte que le prince Charles de Lor-