1680 que les autres, et je serai fort aise de le revoir. Mme de Coulanges n’avoit point de raison particulière pour souhaiter qu’il fît ce voyage ; car il ne l’incommode point du tout.
Mon fils est dans un état très-digne de pitié : il est tellement maigre, desséché, abattu, et sa barbe si longue, que vous ne le reconnaîtriez pas ; cependant, dès qu’il ne sent point de douleur, il joue à l’hombre, il cause, il prend plaisir à être dorloté, et il semble qu’il touche à sa guérison. Quand je pense en quel état on se trouve,
Pour qui ? pour une ingrate[1]… ;
mais c’est encore pis ; car c’est pour une Sylvie[2] que l’on n’aime point du tout, et que l’on n’a jamais aimée. Mme de Coulanges m’en dit une chose plaisante : elle assure que c’est une joie publique que la guérison de cette personne.
Que dites-vous, ma chère enfant, de l’esprit de Montgobert ? ou plutôt de son cœur ? N’est-ce pas cela dont je vous répondais ? je connoissois ce fond ; il étoit caché sous des épines, sous des chagrins, sous des visions ; et tout cela étoit de l’amitié, et de l’attachement, et de la jalousie ; et quand vous disiez :
Qu’importe de mon cœur, si je fais mon devoir[3] ?
je disois tout le contraire ; je souhaitois toujours de ces conversations heureuses, où tout contribue à se rapprocher ; il n’y a pas un ton, pas une parole qui ne fasse un bon effet. Je vous en ai parlé, il n’étoit pas temps ; il y a tant de choses qui ont leur temps, et qui ne sont pas cuites. Je suis étonnée que Montgobert ne m’ait pas